Le cannabis séduit, banalise et enferme. Chez les adolescents marocains, il est devenu une porte d’entrée discrète mais dangereuse vers la dépendance. Savoir repérer les signaux d’alerte est une urgence éducative, familiale et médicale.

Pourquoi les adolescents marocains sont-ils si vulnérables ?

L’adolescence est une période de construction et de fragilité. Le cerveau, encore en développement, est particulièrement sensible aux substances psychoactives. L’usage du cannabis, souvent perçu comme "naturel" ou "inoffensif", peut pourtant perturber des fonctions essentielles : mémoire, concentration, régulation émotionnelle.

Au Maroc, plusieurs facteurs aggravent cette vulnérabilité :

• Accessibilité : dans certaines zones urbaines comme Casablanca, le cannabis est facile à obtenir. La proximité des zones de production dans le nord du pays alimente un marché parallèle encore mal contrôlé.

• Banalisation sociale : dans certains groupes de jeunes, la consommation est perçue comme un rite d’initiation ou un moyen d’“évasion”.

• Manque de repères éducatifs : tabou autour des drogues, manque de formation dans les écoles, silence familial… autant de freins à la prévention.

Les signes qui doivent alerter : ce que les parents peuvent observer

Tous les adolescents changent, mais certains signes doivent interroger lorsqu’ils s’installent durablement ou s’aggravent :

• Perte d’intérêt pour l’école, les loisirs ou les relations sociales

• Isolement inhabituel, fermeture au dialogue

• Troubles du sommeil, fatigue chronique

• Sauts d’humeur, irritabilité, anxiété inexpliquée

• Apparition d’yeux rouges, modification de l’appétit

• Disparition d’argent, objets vendus ou volés à la maison

• Fréquentations nouvelles et opaques

• Mensonges répétés, incohérences dans les horaires ou récits

⚠️ Aucun de ces signes ne prouve à lui seul une consommation. Mais leur association doit alerter et conduire à une discussion bienveillante.

Que disent les chiffres sur le cannabis au Maroc ?

• Le Maroc reste l’un des plus gros producteurs de cannabis au monde⁽¹⁾.

• Une enquête de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) révèle qu’environ 6 % des jeunes Marocains déclarent avoir déjà consommé du cannabis⁽²⁾.

• L’usage précoce, souvent avant 16 ans, est associé à un risque accru d’addiction durable⁽³⁾.

• Le cannabis est la substance la plus fréquemment associée aux premières consultations psychiatriques chez les adolescents dans les centres spécialisés marocains.

Que faire si l’on soupçonne une consommation problématique ?

La première étape est souvent la plus difficile : ouvrir un dialogue sans jugement. L’adolescent qui consomme a souvent peur d’être puni, rejeté ou humilié.

Voici quelques conseils concrets :

• Posez des questions ouvertes, sans accusation.

• Montrez que vous êtes inquiet, non furieux.

• Écoutez sans interrompre.

• Évitez les comparaisons ("à ton âge, moi…").

• Proposez une aide extérieure : un médecin, un psychologue, un addictologue.

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Le rôle du psychiatre addictologue à Casablanca

Face à une situation d’addiction ou de consommation régulière, un psychiatre addictologue peut intervenir à plusieurs niveaux :

• Évaluation complète de la situation : fréquence, niveau de dépendance, contexte psycho-social.

• Diagnostic différentiel : parfois, la consommation cache une autre souffrance (dépression, anxiété, phobie sociale).

• Mise en place d’un plan de soin personnalisé, qui peut inclure :

  • Thérapies individuelles

  • Suivi parental

  • Entretien motivationnel

  • Travail sur les émotions

Le Pr El Hamaoui, psychiatre à Casablanca, reçoit régulièrement des adolescents en situation de dépendance. La démarche est confidentielle, structurée et orientée vers une reprise du pouvoir d’agir, à la fois pour le jeune et sa famille.

Quelles sont les approches thérapeutiques possibles ?

Il n’existe pas de solution unique. Chaque adolescent a son histoire. Mais les outils les plus efficaces incluent :

• Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : pour identifier les schémas de pensée associés à la consommation.

• Entretiens motivationnels : pour renforcer l’envie de changement.

• Approches émotionnelles : hypnose, EMDR, travail sur les traumatismes passés.

• Implication des parents : comprendre, soutenir sans surprotéger.

• Soutien scolaire ou éducatif, en lien avec l’établissement, si nécessaire.

🔎 Foire aux questions – Cannabis et adolescence

1. À partir de quand parle-t-on d’addiction ?
Quand la consommation devient régulière, incontrôlable, et qu’elle impacte la vie scolaire, familiale ou sociale du jeune. Ce n’est pas seulement la quantité qui compte, mais la perte de contrôle.

2. Mon fils fume du cannabis “de temps en temps”, dois-je m’inquiéter ?
Oui, car toute consommation régulière chez un adolescent est un signal à ne pas ignorer. Plus le cerveau est jeune, plus le risque de dépendance est élevé.

3. Le sevrage du cannabis est-il dangereux ?
Pas physiquement en général, mais il peut provoquer de l’anxiété, de l’irritabilité, des troubles du sommeil. Il doit être accompagné.

4. Comment aborder le sujet sans provoquer un rejet ?
En parlant à la première personne ("je m’inquiète", "je me pose des questions"), en posant des questions, et en évitant les confrontations directes.

🌿 Conclusion : détecter, c’est déjà agir

Le cannabis n’est pas un simple “passage d’ado”. Chez certains jeunes, il devient une béquille toxique qui ralentit la construction de leur identité. Mais avec un accompagnement adapté, une relation de confiance et une prise en charge bienveillante, il est possible de sortir de l’engrenage.

À Casablanca, des professionnels spécialisés comme le Pr El Hamaoui reçoivent les adolescents et leur famille dans un cadre confidentiel, sans jugement. Chaque histoire compte. Chaque pas vers le soin est une victoire.

🔗 Pour aller plus loin :

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🌿 Comment détecter une addiction au cannabis chez un adolescent au Maroc ?