Aider un proche addict sans s’épuiser : conseils pour familles au Maroc
Vous aidez un proche dépendant et vous sentez à bout ? Découvrez des conseils concrets pour aider sans vous oublier, en toute bienveillance.
Pr El Hamaoui Youssef Psychiatre psychotherapeute addictologue
5/28/20252 min read


Aider sans s’oublier : comment soutenir un proche addict sans s’épuiser ?
Quand l’amour devient trop lourd à porter.
« J’ai tout essayé. La patience, la fermeté, les ultimatums, les encouragements… Je ne vis plus. »
Cette phrase, je l’entends chaque semaine dans mon cabinet. Elle vient d’un père, d’une conjointe, d’une sœur, d’un enfant. Tous ont un point commun : ils aiment une personne qui lutte contre une addiction, et ils s’épuisent à la soutenir.
L’addiction ne touche jamais une seule personne. Elle envahit les relations, le foyer, les émotions. Et trop souvent, les proches veulent tellement bien faire qu’ils s’oublient complètement.
❓ Pourquoi est-ce si dur d’aider une personne dépendante ?
Parce que l’addiction est une maladie qui déforme le lien à l’autre.
La personne addictée peut devenir distante, agressive, fuyante… ou au contraire, manipulatrice, dans une boucle de promesses non tenues.
Les proches passent alors par des montagnes russes émotionnelles :
Culpabilité : « Est-ce de ma faute ? »
Hyper-contrôle : « S’il ne boit pas aujourd’hui, c’est grâce à moi. »
Impuissance : « Je n’ai plus de prise sur rien. »
💡 Résultat : une fatigue émotionnelle intense, souvent niée ou minimisée… jusqu’à l’effondrement.
🔁 Ce que font (à tort) beaucoup de proches
Surprotéger : en cachant les conséquences, en mentant à l’entourage, en remboursant les dettes
S’oublier : en arrêtant de dormir, de sortir, de vivre
Faire le travail thérapeutique à la place : en espérant motiver, raisonner, sauver
➡️ Tout cela part d’une bonne intention… mais maintient souvent l’addiction, car la personne n’est jamais confrontée à ses propres limites.
✅ Les clés pour aider sans se détruire
1. Reconnaître ses propres limites
Vous ne pouvez pas guérir quelqu’un d’autre. Vous pouvez l’aimer, l’accompagner, proposer de l’aide… mais pas faire à sa place.
2. Rester cohérent(e)
Un cadre clair vaut mieux qu’un amour désorganisé.
Exemple : « Je suis là si tu veux parler, mais je ne financerai plus ta consommation. »
3. Exprimer ses émotions (et pas que sa colère)
Dire « J’ai peur pour toi » ou « Je me sens impuissant(e) » est plus utile que « Tu me déçois ».
4. Ne pas affronter ça seul(e)
Chercher un soutien pour soi : thérapeute, groupe de parole, entourage de confiance.
💬 Vous avez le droit d’aller mal, même si vous n’êtes pas celui qui consomme.
👥 Quand consulter en tant que proche ?
Si vous vous sentez épuisé(e), anxieux(se), déprimé(e)
Si votre quotidien tourne exclusivement autour de la personne dépendante
Si vous avez coupé d’autres liens sociaux à cause de cette situation
Si vous ressentez de la haine ou de la honte vis-à-vis de vous-même
🟢 Une consultation spécialisée peut vous aider à y voir plus clair, à poser vos limites, à retrouver votre propre souffle.
🔚 Aider… mais pas seul(e)
L’amour ne suffit pas. Le dévouement ne suffit pas.
Ce qui aide, vraiment, c’est un cadre thérapeutique, une approche partagée, et le droit pour chacun d’exister en dehors de l’addiction.
Un proche en souffrance mérite autant d’attention et de soin que la personne dépendante.
📎 Pour aller plus loin :
➤ Addictions au Maroc : enjeux et réalités – comprendre, détecter, agir
Contact
Aide
elhamaoui@gmail.com
+212522994727
0600080052
© 2025. All rights reserved.
➤ Voir les publications en ligne sur Academia.edu :
https://uh2c.academia.edu/YoussefElHamaoui