Arrêter de fumer au Maroc : comprendre pourquoi c’est si difficile et comment réussir

Vous souhaitez arrêter de fumer au Maroc mais n’y arrivez pas ? Découvrez les vraies raisons de l’échec et les clés d’un sevrage durable.

Pr El Hamaoui Youssef psychiatre psychotherapeute addictologue

5/28/20252 min read

Arrêter de fumer au Maroc : pourquoi c’est si dur, même quand on le veut vraiment

Par Pr Youssef El Hamaoui – Psychiatre, addictologue et psychothérapeute à Casablanca

Une volonté réelle, un combat invisible

Combien de patients me disent : "Docteur, ce n’est pas que je ne veux pas arrêter… c’est que je n’y arrive pas."
Et pourtant, ils ont tout essayé : patchs, nicotine, chewing-gums, jeûne de Ramadan, promesses aux enfants…

Au Maroc, près de 13 000 décès chaque année sont liés au tabac, selon l’OMS. Mais paradoxalement, la majorité des fumeurs souhaitent arrêter.
Alors, pourquoi si peu y parviennent ? Pourquoi même les plus motivés échouent souvent, parfois après des dizaines de tentatives ?

Une dépendance bien plus complexe qu’on ne le pense

Le tabac n’est pas qu’une mauvaise habitude. C’est une triple addiction :

  1. Physiologique – La nicotine agit directement sur le cerveau, notamment sur la dopamine. Résultat : un manque réel, un stress corporel en cas d’arrêt.

  2. Psychologique – Le geste de fumer calme l’anxiété, structure les pauses, gère l’ennui… Il devient un rituel ancré.

  3. Comportementale – Les automatismes : après le café, en voiture, entre deux tâches. Le cerveau associe la cigarette à des moments précis du quotidien.

Les obstacles spécifiques au contexte marocain

  1. 🔄 La banalisation sociale : Fumer reste “normal” dans de nombreux cercles. Peu de pression sociale, peu de lieux vraiment sans tabac.

  2. 🤐 La solitude dans la démarche : Peu d’accompagnement structuré, peu de groupes de soutien disponibles.

  3. 💸 Le coût des substituts : Certains patchs ou gommes restent chers et peu remboursés.

  4. 💬 Les fausses croyances : "Je fume moins que les autres", "Je vais arrêter après le stress", "C’est trop tard à mon âge"…

Ce que dit la science : 5 facteurs clés de réussite

Les études internationales et cliniques montrent que 5 éléments multiplient les chances de réussite :

  1. 🎯 Fixer une date précise d’arrêt

  2. 🧠 Comprendre ses déclencheurs (anxiété, habitudes sociales, émotions)

  3. 🤝 Se faire accompagner (psychologue, addictologue, groupe de parole)

  4. 💊 Utiliser des aides validées (patchs, substitution orale, traitements médicamenteux)

  5. 📅 Préparer les rechutes sans se décourager : 3 à 7 tentatives sont souvent nécessaires

Témoignage : ce qui a marché pour Mehdi

"Ce n’est pas quand j’ai eu peur pour mes poumons que j’ai arrêté. C’est quand j’ai réalisé que je fumais à chaque moment vide, sans même y penser."

Mehdi, 34 ans, a arrêté après 12 ans de tabagisme. Ce qui l’a aidé :

  • Une TCC brève pour identifier ses déclencheurs

  • Une substitution nicotinique adaptée à ses besoins

  • Une application de suivi quotidienne

  • Une famille soutenante, sans pression

Conclusion : arrêter, c’est possible — mais pas seul

Ce n’est pas le manque de volonté qui empêche d’arrêter. C’est l’absence de stratégie adaptée.
Se faire aider, c’est augmenter par 4 ses chances de succès.

Il n’est jamais trop tard pour se libérer du tabac, quel que soit l’âge ou le nombre de tentatives passées.

📎 Pour aller plus loin :
Sevrage tabagique : 10 astuces pratiques pour arrêter de fumer
Consultation spécialisée en addictologie à Casablanca